Discours de clôture, Congrès Francophone de Médecine et Spiritualité 2018

Mesdames, Messieurs,

Nous voici à  la fin de ce congrès. J’aimerais commencer par vous remercier de votre présence. On termine souvent par cela, mais c’est sans doute l’élément le plus important. Sans la présence d’hommes et de femmes ouverts, quelque peu avant-gardistes et téméraires, ce congrès ne pourrait pas avoir lieu.

C’est dans la même optique que je souhaite remercier Jean-Paul, ainsi que tous les bénévoles, en ce compris les conférenciers. Agir de son propre chef, sans incitant matériel ou financier, s’engouffrer dans la brèche des problèmes propres à  ce type d’organisation… cela démontre la conviction et la motivation de tous ceux qui ont participé à  la concrétisation de ce 11e congrès. Rien ne les contraignait à  prendre de telles initiatives, et pourtant…
En portant ma réflexion sur la volonté qui poussait en avant toutes ces personnes qui m’entourent, je me suis posé la question suivante : pourquoi suis-je là , moi ? Après tout, moi aussi j’aurais pu opter pour mon canapé, et pourtant…

Il y a bien différentes raisons qui me sont passées par l’esprit, et l’une d’elles, c’est qu’il s’agit en quelque sorte d’un sentiment de devoir. Le devoir de soutenir une telle initiative, que je pressens comme essentielle. Si j’adhère à  ces nouvelles façons de penser, si je suis persuadé qu’une nouvelle science ouverte au principe spirituel est la clé de notre évolution, ne dois-je pas activement la soutenir ? Ne suis-je pas le premier concerné ?

Combien de fois ne nous plaignons-nous pas de la façon dont la Terre tourne, de nos dirigeants, du comportement scandaleux de certaines grandes sociétés prêtes à  tout pour contenter leurs actionnaires ? Et que faisons-nous ? Eh bien, trop souvent, nous baissons les bras, le fatalisme régnant en maître incontesté… jusqu’au jour où l’on prend conscience de notre capacité d’action.

Alors seulement, nous changeons de comportement. On change notre manière de consommer, notre façon de voir le monde, de vivre les « choses »… Plus concrètement, on signe des pétitions, on participe à  des congrès… Parce qu’on a décidé de se battre à  son niveau, sans attendre les autres. Etre ici aujourd’hui, c’est ma façon d’atteindre ce but, c’est mon action individuelle qui vient se déverser dans un fleuve d’actions positives.

Mais au fond, je ne fais qu’emboiter le pas à  d’autres, qui avant moi, avaient pris l’initiative. Tandis que les conférenciers présents à  ce congrès, comme d’autres, sont parfois de véritables pionniers dans leur domaine. Eux aussi sont convaincus que le changement de notre perception de la science, de la matière et du spirituel est nécessaire. Ils sont donc à  l’initiative d’un renouveau scientifique, mais au vu des sujets abordés, il s’agit tout aussi d’un renouveau humain. Et comme tous leurs prédécesseurs qui ont remis en question la vision dogmatique de leur époque, ils doivent souvent affronter le regard, parfois méprisant, de leurs confrères, lorsque cela ne va pas plus loin… Leur apporter notre soutien et notre intérêt, voilà  une façon d’agir. C’est en cela entre autres que je les remercie, car sans cette prise d’initiatives fondées sur leurs compétences, nous ne pourrions pas agir à  notre tour en étant présents ce week-end.

Charité bien ordonnée commence par soi-même, dit-on toujours ! Ainsi, puis-je attendre des autres ce que je ne concrétise pas moi-même ? Puis-je espérer voir plus de scientifiques s’ouvrir à  des notions comme la conscience séparée du corps (et tout ce que cela implique) si je me désintéresse de ceux et celles qui osent s’écarter dès aujourd’hui des postulats matérialistes, dominateurs quasi absolus actuellement ?

Non, bien évidemment. On se doit de s’y intéresser, quel que soit le domaine concerné : les soins de santé, comme évoqués lors de ce congrès, mais aussi par exemple les différentes recherches menées sur la conscience et ses états modifiés. Ces recherches méritent que l’on s’en préoccupe. Car oui, c’est naturellement l’une des raisons de ma présence (et de la vôtre je l’espère) : un vif intérêt pour une approche scientifique de domaines qui, jusqu’à  récemment, étaient restés l’apanage des hommes de foi, ésotériques de tout bord et philosophes. Malheureusement, la religion a créé un véritable clivage avec la science. En revendiquant la spiritualité comme sa propriété absolue, elle a relégué la science au domaine matériel. Le paradigme scientifique actuel se fonde malheureusement sur cette raison purement historique. Le corollaire est que ce schisme freine les scientifiques ouverts aux concepts « post matérialistes ».

Au-delà  de la responsabilité religieuse, il faut aussi considérer que l’homme a mà»ri au cours des siècles (principalement dans nos sociétés occidentales), et il ne lui suffit plus de croire, il a besoin de comprendre. C’est en cela que le travail scientifique est essentiel, pour ne pas dire indispensable. Une approche plus cartésienne est la seule envisageable face à  un esprit critique développé et, surtout, méfiant. Cela est selon moi salutaire, car cela invite la science à  s’aventurer dans des domaines plus spirituels. La conséquence ne peut qu’en être positive : donner les clés à  tout un chacun de sa spiritualité, mais aussi de sa santé.

Une pierre d’achoppement importante reste présente dans le travail de tout scientifique : la neutralité dont il doit normalement faire preuve s’il veut avoir l’approbation de ses confrères, s’il veut être publiable et bénéficier d’une certaine visibilité. Mais où se situe parfois la limite entre la neutralité et le déni ? Une utilisation galvaudée de l’objectivité est tentante dans le cadre de recherches opacifiées par le tabou. De plus, peut-on attendre la même forme de neutralité et les mêmes procédures empiriques lorsque les recherches sont d’office fortement influencées par la conscience humaine, la psychologie, la psyché…? Eléments inaliénables aux phénomènes observés et qui rendent impraticables des méthodes tout à  fait probantes en matière de physique classique, de biologie classique etc.

N’est-il donc pas temps de s’impliquer plus en profondeur, de s’aventurer au-delà  de la surface extérieure des phénomènes observés ?  Cela n’est pas facile, loin de là , car celui qui ose prendre position doit nécessairement faire face à  une levée de boucliers. Mais levez-vous, sortez des rangs, et vous verrez que cette phalange qui vous fait face s’amenuise, à  mesure que vos rangs grossissent.
Et puisque ce congrès a pour objet la « Médecine et Spiritualité », je dirai plus particulièrement : soignez, montrez que vos approches alternatives fonctionnent, alors qu’elles divergent des méthodes matérialistes. Certains chercheront peut-être à  trouver d’autres raisons à  ces « miracles », mais ils ne pourront pas nier les conséquences. Alors, combien de temps leur faudra-t-il encore pour qu’ils en acceptent les véritables causes ? Voilà  peut-être le défi de demain.

Je vous remercie.

Par Thomas José